Marylise Vigneau
Le monde est un théâtre dérisoire et superbe où j'aime rôder pour en guetter les chorégraphies. Le leitmotiv en est la mémoire qui s'amuse, se confronte, se dénie, se sublime ou s'efface ; les personnages sont la chair de cette mémoire.L'air de rien, l'âpreté, la douceur, ce désert ou cette foule et un être s'érige, s'offre ou se dérobe et le jeu peut commencer. Entre ironie et tendresse, grâce et kitsch, aléatoire et délibéré, les images passent.
Lucioles, lampions, fenêtres fugaces entrouvertes sur des ailleurs à jamais mystérieux, jalons de l'errance, mises en abyme, temps retrouvé et aussitôt perdu, chaloupes, frôlements, colimaçon ou angles aigus, ponts suspendus, points de suspension. Enfin, rien ne saurait mieux exprimer ma démarche photographique que ces quelques lignes d'André Breton dans l'Amour Fou. : "Aujourd'hui encore je n'attends rien que de ma seule disponibilité, que de cette soif d'errer à la rencontre de tout, dont je m'assure qu'elle me maintient en communication mystérieuse avec les autres êtres disponibles, comme si nous étions appelés à nous réunir soudain. J'aimerais que ma vie ne laissât après elle d'autre murmure que celui d'une chanson de guetteur, d'une chanson pour tromper l'attente. Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique."